lundi 30 septembre 2013

K-Jack se déconnecta, une fois encore, un soupir. Rien, pas de nouveauté, de post sur le node. Le pire des syndromes dans la matrice, le vide, l'absence de news, de mouvement, de vie.
Moose son ancien, son premier employeur ne donnait plus signe de vie depuis des mois, bientôt il chiffrerait cette absence en année. Était-il seulement en vie ? Le gaillard avait l'habitude de faire le mort pendant des semaines mais là tout cela devenait inquiétant. Le vieux runner avait du mal à comprendre que l'heure de la retraite approchait, le service actif n'était définitivement plus de son âge. Fixer à la limite, s'il avait eu le carnet d'adresses pour ça. Mais non, il refusait de raccrocher. C'est sans doute ce qui le tuerait. Ou ce qui l'a tué.
K-Jack se leva et s'étira longuement, sa dernière passe matricielle avait laisser son corps endolorit. Foutu paquet de viande inutile, tu bouges trop : tu as mal, tu ne bouges pas : tu as mal. Il se dirigea péniblement vers le frigo et entreprit de trouver de quoi remplir son estomac. Soy-food chinoise périmée depuis trop longtemps : poubelle, imitation hachis parmentier : poubelle. Il trouva enfin un tube de lait concentré sucré de synthèse dont la date de péremption ne risquait pas de le tuer et se posa sur son fauteuil de bureau, les yeux dans le vide devant les murs de béton de son appart si spartiate sans RA.
Un pop up de son calendrier apparu dans son champs de vision. Peut-être un peu de boulot, un rendez-vous avec un johnson pour une run, cette fois un protocole de connexion via la matrice était prévu, il n'aurait pas à déplacer sa viande. Pas comme l'autre fois où dès le premier contact le job sentait le plan foireux. Un job qui avait à peine rembourser les mois de loyer de retard et pas grand chose d'autre pour mettre un peu de gaieté dans le frigo. Les temps étaient dur pour les indépendants sans réputation.